C’est dans les vieux pots que l’on brille le plus!
Caractéristiques du diamant: Une pierre
qui vaut sa réputation
Le plus splendide produit de la nature minérale est sans comparaison le diamant.
Cette ravissante cristallisation ne donne pas l’éblouissement léger et superficiel du verre son éclat est concentré et comme voilé, malgré son intensité éclat mat,
plein de douceur et de suavité.
On dirait que les jets de lumière qui s’en échappent arrivent d’une source profonde et insondable. Ses feux jaillissants sont comme recueillis dans leur essor ils s’épanchent
parce qu’ils ne peuvent plus être contenus.Dans la radieuse lumière de cette gemme ruissellent toutes les teintes qui parent l’aurore. C’est l’astre du jour réduit aux proportions du chaton d’une bague ou d’une aigrette de couronne, se jouant dans les splendeurs de
l’arc-en-ciel.
Dans sa formation, dans sa beauté, dans sa rareté et dans sa valeur, le diamant est le plus parfait symbole des oeuvres du génie.
Précisons les phénomènes qui le caractérisent au point de vue scientifique.
Le diamant, du grec adamas, indomptable, est du charbon
pur cristallisé; c’est le plus pur, le plus simple, le plus brillant et le plus précieux des minéraux.
Ordinairement, il est sans couleur; quelquefois cependant, il présente des teintes roses, jaunes, bleues, vertes, brunes ou noires, plus ou moins belles.
Il est le plus souvent transparent, et quelquefois complètement opaque, quoique jouissant d’un éclat extraordinaire.
Son éclat a quelque chose de gras et d’onctueux à l’oeil il n’est égalé par celui d’aucune autre pierre précieuse;
il en est si distinct qu’il a fallu créer un mot pour le désigner celui d’éclat adamantin. Il a quelque analogie avec l’aspect adouci de l’acier poli.
C’est le plus dur de tous les corps les minéraux les plus denses, les roches les plus réfractaires, l’acier le mieux trempé, en un mot, les corps les plus durs, subissent
tous la puissance du diamant. Il ne peut être usé que par lui-même; il raye et sillonne toutes les autres substances très-promptement.
Ce qui ne l’empêche pas cependant de se pulvériser, de se casser assez facilement, surtout lorsque l’on agit dans le sens de ses lames, c’est-à-dire de son clivague.
Il peut paraître extraordinaire qu’on puisse casser, pulvériser ainsi le diamant, mais on sait que la dureté dans un corps n’exige pas que ses fragments soient aussi bien unis que ses dernières molécules. Ainsi le verre, qui est très-dur, car il peut rayer presque tous les métaux sans être rayé par aucun, se brise cependant avec facilité..
Une question se présente naturellement ici.
Puisque le diamant n’est que du charbon pur cristallisé, et qu’il est si facile de faire cristalliser les corps et d’imiter ainsi la nature, pourquoi ne fait-on pas des diamants à volonté? Il y a tant de charbon!
On ne fait pas de diamants à volonté, parce que l’on n’a jamais pu fondre ou dissoudre le charbon, ou le volatiliser dans un creuset d’une manière satisfaisante, opération
préparatoire et nécessaire cependant la science n’a pas dit son dernier mot.
L’inventaire des joyaux de Louis duc d’Anjou, dressé de 1360 à 1368, nous fait voir que le diamant était déjà apprécié, et qu’il entrait dans l’ornementation des parures princières pour une large part; sa taille était bien imparfaite, mais enfin il était taillé.
Ainsi il est fait mention d’un reliquaire dans lequel est un diamant taillé en écusson; de deux petits diamants plats à deux côtés faits à trois carrés; sur le fruit d’une salière
est un petit diamant plat, arrondi en façon de miroir; un diamant pointu quatre faces; un diamant à façon de losange; puis un à trois faces, un en coeur, un à huit
côtés, etc. Les diamants épais que l’on rencontre parfois dans de vieux joyaux d’église sont taillés dessus en table et à quatre biseaux, et dessous en prisme quadrangulaire
ou pyramidal formant culasse.
Ces tailles imparfaites ne favorisaient nullement le jeu de la lumière; aussi à cette époque le diamant était-il encore moins estimé que les pierres de couleur. Cependant,
bien que toujours dans l’enfance, l’art de la taille de cette gemme avait une certaine importance il était pratiqué, surtout à Paris, dès le commencement du quinzième siècle. On en trouve la trace dans les nomenclatures des arts et métiers et l’on cite un carrefour de Paris, nommé la Courarie, où s’étaient, suivant la coutume de l’époque, agglomérés les tailleurs de diamants.
Vers 1407, et probablement plusieurs années avant cette époque, la taille du diamant avait fait de notables progrès sous la pratique d’un habile ouvrier nommé Herman. Dans le splendide repas donné au Louvre en 1403, par le duc de Bourgogne au roi et à la cour de-
France, les nobles convives reçurent parmi les présents du glorieux amphitryon, onze diamants estimés 786 écus d’or de l’époque. Ces diamants devaient être taillés avec
assez de soin, quoique imparfaitement.
Ce ne fut qu’après un assez long séjour à Paris, et de retour dans sa patrie, que Louis de Berquem imagina la taille actuelle. Elle produisit une telle révolution que tous ses contemporains le regardèrent comme l’inventeur de la taille du diamant. Il fit ses premiers essais de taille perfectionnée en 1475; sur trois diamants bruts et d’une dimension hors ligne, qui lui avaient été confiés par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, dont la magnificence était sans bornes.
Le premier était une pierre épaisse, que l’on couvrit de facettes et qui fut depuis le Sancy; le duc le portait encore lorsqu’il le perdit à la défaite de Morat. Le second, pierre étendue, fut taillé en brillant et offert au pape Sixte.IV, et le troisième, pierre difforme, fut taillé
en triangle, monté sur une bague figurant deux mains, comme symbole d’alliance et de bonne foi; il fut donné à Louis XI, qui devait trouver importun ce simple et muet langage. Louis de Berquem reçut trois mille ducats pour ces travaux, munificence extraordinaire pour cette époque.
Les premiers ateliers de Berquem fonctionnèrent à Lelavage du càscallio. Bruges, sa patrie, où il forma des élèves qui allèrent s’établir principalement à Anvers, à Amsterdam et à Paris.
Cet art fut près de deux siècles à végéter Mazarin lui donna une nouvelle impulsion; il confia aux diamantaires de Paris les douze plus gros diamants de la couronne de France pour être retaillés. Ils devinrent ce que l’on vit de mieux alors, et on les appela les douze Mazarins.
L’inventaire de la couronne ne fait mention que d’un, au n° 349, sous la dénomination du dixième Mazarin; beau brillant, forme carrée arrondie, pesant 16 carats.
Depuis cette époque la taille du diamant n’a cessé de se perfectionner, mais les diamantaires se sont peu enrichis. Celui qui a trouvé le moyen de percer les brillolettes
(diamant en forme de poire) est mort de faim et de misère, il n’y a pas quarante ans, dans un galetas de la rue du Harlay, emportant son secret avec lui.
Depuis les temps les plus reculés jusqu’au commencement d dix-huitième siècle l’Inde fut en possession de fournir tous les diamants; on les tirait principalement des mines situées dans les anciens royaumes de Golconde et de Vizapour, dans l’Indoustan.
On attribue au hasard la découverte de la fameuse mine de Golconde, la plus riche que l’on connaisse. Elle se trouve dans le lieu le plus sec et le plus stérile du royaume.
Un berger, dit-on conduisant son troupeau dans un lieu écarté, aperçut une pierre qui jetait de l’éclat; il la prit, et la vendit pour un peu de riz à quelqu’un qui n’en connaissait pas mieux la valeur. Elle passa ainsi en différentes mains, et tomba enfin dans celles d’un marchand connaisseur qui sut l’exploiter et bientôt chacun s’empressa de fouiller dans
l’endroit où le diamant avait été ramassé.
On cherche ces, gemmes dans les veines des rochers; plus de trente mille ouvriers sont occupés à ce travail.
Le roi se réservait les diamants au dessus de 4 0 carats mais souvent on le trompait les mineurs les avalaient, et trouvaient ensuite le moyen de les vendre aux Européens.
En 1778, des mines de diamants furent découvertes au Brésil; le gisement y est entièrement semblable à celui des mines de l’Inde. En 1824, une découverte semblable
eut lieu en Sibérie. Telles sont les trois régions privilégiées pour ces gemmes incomparables; la découverte que l’on a faite il y a deux ans dans la terre de Natal,
au-dessus de la colonie du Cap, dans les parages de la rivière Orange, de quatre diamants de très-belle eau, et dont l’un pèse au-delà de 12 carats, va donner sans
doute naissance à des recherches sérieuses. Depuis la découverte des mines du Brésil, ce pays a presque seul le privilège du commerce du diamant, qui s’élève à peu près à six ou sept kilogrammes par an comptant plus d’un million de francs de frais d’exploitation.
Comme les diamants sont ordinairement enveloppés d’une couche terreuse qui les dérobe à la vue, leur recherche est assez difficile.
Dans l’Inde on commence par laver le sable qui est présumé contenir ces gemmes. La plus grande partie des matières terreuses se trouve ainsi enlevée le reste est répandu sur une aire bien battue, ou recueilli dans des auges, et des hommes nus font la recherche des diamants en plein soleil, sous la surveillance d’inspecteurs. Le Chambers journal a donné quelques détails intéressants sur l’exploitation du diamant au Brésil; en voici la
substance.
On sait que le diamant se trouve au milieu des matières argileuses, auxquelles les Brésiliens donnent le nom de cascalho.
Les diamants extraordinaires par leur grosseur, leur beauté ou leur prix, étaient autrefois appelés parangons.
Il existe très-peu de diamants au-dessus de 100 carats.