Comment se forment les pierres précieuses?

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C’est dans les vieux pots que l’on fait le plus jolis cailloux!

On s’est toujours demandé comment arrivaient à nos oreilles et à nos doigts ces jolies pierres…

Comment se forment les pierres

précieuses? Vous serez étonnés par la

réponse que vous allez trouver dans cet

article

 

Les pierres précieuses! On éprouve de l’éblouissement simplement à les nommer, non pour leur valeur matérielle, mais pour la poésie qu’elles inspirent.
Ce sont les fleurs de la minéralogie, épanouies par un travail infini dans les entrailles du globe. Ce sont les étoiles des régions ténébreuses que l’on compare avec raison aux étoiles du ciel dans les nuits pures et limpides, ne sont-ce pas des diamants innombrables qui scintillent à la voûte azurée?
Souvent ces gemmes brillantes sont des reliques de famille, qui conservent condensés dans leur suave rayonnement les derniers souvenirs d’une tendre mère, d’un père chéri, d’une soeur bien aimée. Les larmes viennent facilement aux yeux, en regardant ces bijoux qui nous ont été légués. Ils ont un langage aussi touchant que les accents d’une voix adorée: ils rappellent un passé triste et doux, les fêtes enchanteresses et les jours de deuil; l’histoire des êtres aimés qui ne sont plus et des bonheurs que nous aurions voulu retenir. Ils font souvent éprouver l’émotion que réveillent les modulations plaintives et
mélancoliques de l’oiseau solitaire gazouillant dans les noirs cyprès, dont l’ombrage protège la dernière demeure de tout ce qui nous fut cher.
Peu d’études donnent lieu à tant de surprises que celle que nous abordons.
Une chose bien propre à étonner, et qui peut paraître incroyable à ceux qui ne sont pas initiés aux curieux phénomènes de la cristallisation, c’est la différence qui se trouve dans les corps composés des mêmes éléments et qui ne diffèrent seulement que par la disposition de leurs molécules, de leurs atomes, c’est-à-dire des plus petites parties qui les constituent.
Il paraît étrange, par exemple, que les plus beaux bijoux, les rivières de diamants, les gemmes les plus précieuses qui ornent la couronne des souverains et rehaussent
les plus éclatantes magnificences, ne soient que du charbon, de l’argile, du sable, en un mot, des matières grossières que nous foulons aux pieds lorsque nous marchons
dans les voies publiques. Rien n’est plus vrai cependant car la base de toutes
les pierres précieuses se trouve dans le carbone ou charbon que tout le monde connait; dans l’alumine que la terre glaise nous présente presque pure, et dans la silice
qui pave nos rues et sable nos jardins.
Qu’est-ce donc que cette cristallisation, phénomène si curieux qui met entre deux corps composés d’un même élément plus de différence qu’entre des corps composés
des éléments les plus opposés; qui transforme un charbon noir, sale et pulvérulent, en un diamant transparent, d’une dureté et d’un éclat sans pareils, et d’un prix au-dessus de toute comparaison; une terre grasse et pâteuse en superbes gemmes orientales, et un- sable terne et opaque en éblouissantes pierreries?

La cristallisation est un des phénomènes les plus curieux que nous présente la nature. Elle ne peut manquer de frapper l’esprit et de saisir d’admiration ceux qui ne sont pas familiarisés avec les merveilles de la science.
Voici ce que c’est lorsque les molécules, les atomes d’un corps, c’est-à-dire les plus petites parties qui le constituent, sont libres, qu’elles ne sont pas liées les unes aux autres, eh bien, elles s’attirent réciproquement, de même que les grands astres qui roulent sur nos têtes, et s’unissent non pas pour faire une agglomération confuse; une masse informe, mais, chose surprenante! elles s’attirent comme si elles avaient de l’intelligence, elles choisissent pour ainsi dire leur place pour former naturellement un corps régulier et symétrique un cube, un prisme, etc., etc.

Ces parties infiniment petites sont donc soumises aux lois du beau elles y obéissent toujours lorsque rien n’y fait obstacle. Les cristaux peuvent être transparents, translucides
ou opaques et présenter toutes les couleurs connues. Les formes cristallines sont très-nombreuses, mais il existe des faits généraux qui en rendent l’étude assez simple, et qui rattachent entre elles par des rapports essentiels un grand nombre de formes en apparence bien différentes, mais qui au fond ne sont que des modifications plus ou moins profondes les unes des autres.
Linné paraît avoir le premier compris l’importance de l’étude des cristaux pour la connaissance des minéraux.
Romé de Lisle publia, en 1772, le premier traité de cristallographie mais il ne vit dans les cristaux que des corps isolés.
Ce fut Haüy qui eut la gloire de découvrir la loi de symétrie à laquelle sont subordonnées toutes les formes cristallines; il avait reconnu à Paris, en 1781, presque en même temps que Bergmann à Berlin, qu’un certain nombre de minéraux ont la propriété de se casser suivant des lames dont le sens est constant pour chaque substance, c’est-a-dire de se cliver. Cette découverte est devenue la base de la minéralogie géométrique.
Haiïy fit de la cristallographie une science rigoureuse, et c’est à dater de ses travaux sur ce sujet que l’on classe les formes cristallines en six groupes, dont chacun est caractérisé par son système d’axes. On appelle ainsi certaines lignes idéales que l’esprit doit concevoir comme passant dans l’intérieur du cristal, et par rapport auxquelles tous les éléments faces, arêtes, sommets, sont disposés symétriquement.Il en résulte que dans un même système tous les cristaux ayant les mêmes axes présentent une même symétrie une physionomie commune qui constitue le caractère propre au groupe.

La masse d’un corps peut être réduite en molécules capables de cristalliser par trois procédés la dissolution, la fusion, la volatilisation.
Ainsi, que l’on fasse dissoudre, fondre ou volatiliser un corps et qu’on le laisse ensuite redevenir solide lentement, tranquillement, les molécules de ce corps se cristalliseront,
c’est-à-dire qu’elles formeront naturellement un corps régulier et symétrique.
Si l’on fait dissoudre un corps dans un liquide, puis évaporer convenablement la dissolution, et qu’on l’abandonne ensuite à elle-même, bientôt on apercevra les cristaux
se déposer au fond et sur les parois du vase et présenter des facettes d’un poli et d’un brillant si remarquables, qu’on les dirait travaillées par la main du lapidaire.
C’est ainsi que l’on obtint le sucre candi, l’alun, etc.
Au lieu dé faire dissoudre un corps, faisons-le fondre dans un creuset, abandonnons-le ensuite à un refroidissement lent et tranquille, et au moment où la surface supérieure commencera à se solidifier perçons la croûte qui.,se forme, renversons le creuset sens dessus dessous pour en faire sortir les parties intérieures qui sont encore liquides, alors nous aurons de même de magnifiques cristaux. En traitant le soufre de cette manière, on verra les parois du creuset tapissées d’une multitude d’aiguilles dorées qui ne seront que du soufre cristallisé.
On peut encore obtenir la cristallisation d’un corps en le réduisant en vapeur dans un vase, où cette vapeur puisse revenir à l’état solide par un refroidissement suffisant.
En volatilisant de l’indigo dans un creuset couvert, on obtiendra à la partie supérieure du creuset des cristaux sous forme d’aiguilles, d’un bleu magnifique.
Comme la force qui soumet ces molécules aux lois de la symétrie n’est pas très-grande., il est évident que si elle est contrariée par un.froid trop subit, par un mouvement étranger, en un mot par une cause quelconque, la cristallisation n’aura pas lieu, ou sera confuse, incomplète.
M. Tyndall a étudié les figures produites par l’arrangement cristallin des atones, de laglace. Elles forment des étoiles toutes de six rayons, et ressemblent chacune
à une fleur à six pétales Les atomes de neige s’arrangent de même, de façon à former les figures les plus exquises et sur le même type que celles delà glace, c’est-à-dire des étoiles hexagonales.

La plupart des solides qui composent la croûte minérale de la terre se rencontrent à l’état cristallin. Les grandes masses de granit, quoique paraissant d’une structure confuse, sans forme régulière, n’en sont pas moins construites par une agglomération fusionnée de
cristaux de quartz, de feldspath, de mica, etc.
Pythagore et Platon avaient sans aucun doute la notion des formes cristallographiques lorsque, dans leurs écoles, ils énonçaient ce bel axiome, que la nature se livre à des opérations géométriques dans les profondeurs de la terre, et que Dieu géométrise sans cesse. C’est le commentaire dé l’Écriture qui nous enseigne que le Créateur a tout fait avec poids, nombre et mesure.
On voit quelle étonnante transformation fait subir aux produits de la  nature l’imperceptible ‘disposition de leurs éléments.
Les anciens aimaient beaucoup les pierres de couleur, mais il ne paraît pas qu’ils fissent grand cas du diamant, n’ayant point encore trouvé le secret de le tailler selon
les règles de la science.

Voici les douze pierres précieuses, que l’on estimait le plus, et que le grand prêtre des Juifs portait sur le Rational de son éphod, et sur lesquelles étaient gravés les noms des douze fils de Jacob :

Sardoine.
Cornaline ou limure.
Topaze.
Améthyste.
Émeraude.
Agate-Onyx.
Rubis.
Chrysolithe.
Jaspe.
Agate-Chalcécioine.
Saphir.
Beryl.
Il y a environ deux cents ans que les Allemands ont formé, sur le modèle des douze pierres de l’éphod, une suite de douze pierres qui correspond aux douze mois de l’année. Cet arrangement n’était sans doute qu’une pure imagination; cependant bien des gens, et
surtout les femmes, y mettaient de l’importance et du mystère, et voulaient avoir à leur doigt la pierre du mois où ils étaient nés, avec le signe de ce mois gravé dessus.
Voici l’ordre de cette suite de pierres:

Janvier. Le Verseur d’eau. Jacinthe ou Grenat.
Février. Les Poissons. Améthyste.
Mars. Le Bélier. Jaspe sanguin.
Avril. Le Taureau. Saphir..
Mai. Les Gémeaux. Emeraude.
Juin. L’Écrevisse. Agate-Onyx.
Juillet. Le Lion. Cornaline.
Août. La Vierge. Sardoine.
Septembre. La Balance. Chrysolithe.
Octobre. Le Scorpion. Aigue marine.
Novembre. Le Sagittaire. Topaze.
Décembre. Le Capricorne. Turquoise.

Il est à remarquer qu’il est très-difficile de fixer le plus ou moins de valeur des différentes espèces de pierres précieuses; il se mesure sur la grosseur, sur l’éclat, le poli, etc. qu’elles présentent; et celle que le vulgaire serait porté à placer dans un rang inférieur
aura pour le connaisseur quelquefois un prix inestimable.
C’est ainsi que certains rubis sont estimés d’un plus haut prix que les plus beaux diamants du même poids. Cependant, voici les principales gemmes, rangées par ordre de beauté, de rareté et de prix qu’on leur attribue généralement :

Diamant.
Rubis.
Émeraude.
Saphir.
Topaze.
Opale.
Turquoise.
Améthyste.
Grenat.
Aiguë marine.
Agate.

Il y a beaucoup de vague dans la classification des gemmes et des substances précieuses en général; et les classifications les plus rigoureuses peuvent changer
suivant les temps, les lieux, les goûts et la mode, et d’ailleurs une pierre placée au troisième, quatrième ou cinquième rang peut dépasser le prix de celle du premier
ou du deuxième, si elle se trouve dans des conditions de beauté ou de grandeur hors ligne.

Dans la pratique on désigne, sans beaucoup de raison, sous le nom de pierres orientales les gemmes de premier ordre, les pierres supérieures en beauté, quel que soit
le lieu de leur origine; et les gemmes de second ordre sous le nom de pierres occidentales.
Il est évident que l’Orient ne produit pas exclusivement les premières et l’Occident les dernières les gemmes supérieures comme les inférieures sont disséminées. Cependant,
soit disposition naturelle du climat, soit toute autre cause, la patrie spéciale des pierres précieuses jusqu’à ce jour est sans contredit l’Orient.
Les deux qualités suprêmes des gemmes sont la couleur et la dureté; la première unie à la seconde constitue les pierres supérieures ou orientales, et la première seule les pierres inférieures ou occidentales. Ainsi une pierre précieuse quelconque peut être désignée avec l’épithète d’orientale ou d’occidentale,suivant qu’elle possède ou non ces deux qualités; il y a des émeraudes orientales et des émeraudes occidentales; des topazes orientales et des topazes occidentales; etc. On le voit, ces dénominations ne
sont pas très-rigoureuses. En général, les joailliers et les négociants en pierreries
apprécient les gemmes d’après leurs couleurs. Cependant, deux pierres peuvent présenter une teinte identique, et n’être pas de la même nature. Le plus habile
peut être embarrassé pour savoir sûrement à quoi s’en tenir et même se tromper dans son évaluation. On a recours dans les cas douteux à l’étude des autres phénomènes,
tels que la pesanteur spécifique, la réfraction et la dureté.
Le meilleur caractère que l’on puisse employer pour distinguer les pierres fines les unes des autres, et éviter ainsi les fraudes et les erreurs qui ne sont que trop fréquentes,
est celui dé la densité. Il suffit de les peser alternativement dans l’air et dans l’eau et de tenir compte de la perte de poids qu’elles éprouvent dans cette seconde pesée; il existe même des tables fort commodes pour les joailliers, qui donnent les poids comparatifs de chaque espèce de pierres depuis un gramme jusqu’à cent.

Rien n’est comparable au rayonnement limpide et onctueux de ces gemmes orientales, ruisselant dans l’espace comme du feu liquide.
C’est surtout en leur imprimant un mouvement de rotation aux douces lumières des salons qu’elles resplendissent de tout leur éclat.
Le monde parisien a pu admirer des phénomènes de ce genre chez le savant Lardner. Dans une de ces soirées où toutes les merveilles de la science étaient exposées aux regards éblouis, nous avons vu, grâce à l’obligeance du duc de Brunswick, qui possède
une collection des plus rares et des plus précieuses en ce genre, et à l’illustre savant M. Babinet, de l’Institut, l’inventeur de l’optique minéralogique, tout ce que la lumière, se jouant dans les gemmes, peut produire de plus radieux et de plus étonnant.
Nous avons également assisté à une soirée analogue à Londres, chez le général Sabine, président de la Société royale des sciences, où toute l’aristocratie anglaise était réunie. Les savants les plus illustres les Tyndall, les Frankland, les Godwin, les Berkeley, les Richard, apportaient leur concours dans l’exposition en miniature des phénomènes les plus curieux et les plus grandioses de la nature et des progrès les plus récents de la science.
Nous faisons des voeux pour que ceux que la fortune favorise suivent ces exemples, qui donneraient tant d’attraits à leurs soirées, et qui seraient en même temps si propices à la vulgarisation des sciences dans les hautes régions de la société.

Source gallica.bnf.fr / BnF

 

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