L’histoire du mobilier: Ce que vous ne saviez pas!
L’instabilité de la vie au Moyen Age rendait impossible la constitution d’un mobilier. Sous
la Féodalité, serfs et colons ne pouvaient d’ailleurs léguer leurs meubles à leurs enfants, au dessus d’une somme de cinq sous or .
Cependant une transformation s’opérait dans les mœurs. L’ancienne aristocratie ruinée, d’autres classes accédaient à la propriété ; l’invention de la poudre rendait inutile le châteaufort qui évoluait en maison de plaisance.
Les guerres d’Italie précipitèrent ce mouvement. Rentrant chez eux, les seigneurs trouvèrent tristes les tours massives, rébarbatives les courtines, et froides les pièces à peine meublées. On ouvrit les fenêtres, on éleva les combles ; les artistes furent appelés.
Alors apparut toute une gamme de meubles nouveaux : l’armoire, le bahut, le buffet à deux corps, le cabinet et la commode. La table prend des formes variées ; on fabrique
des tables dites aujourd’hui à l’Italienne, mais qu’alors on appelait tables à redoublement.
Les sièges occupent, eux-aussi, une place importante dans le mobilier Renaissance :
stalles, sièges à coffre, surmontés d’un dais, fauteuils à dossiers, tels que la « caqueteuse », la « caquetoire » essentiellement lyonnaise et un grand nombre de sièges accessoires : placets, sorte de tabourets de pieds, bassets, selles et sellettes, chaises basses, etc…
Ces sièges permettent de donner à la conversation un tour facile, imprévu, piquant, dit Viollet le Duc. Il ajoute que rien n’est moins pittoresque qu’une réunion de personnes assises à la même hauteur :
il semble que l’entretien y prend quelque chose de l’uniformité des postures et que l’esprit y perd son aisance.
Si la décoration des meubles était d’inspiration toscane ou lombarde, leurs formes restaient bien françaises : nos artisans savaient allier la feuille de choux, le lierre, le chardon, utilsés au XV » siècle, aux oves, méandres, volutes, perles, godrons, macarons, de la Renaissance. A cette époque, on distingue deux pièces principales :
la salle à manger et la chambre. La salle à manger d’alors s’apparentait à ce que l’on appellerait aujourd’hui la salle à manger salon. La chambre à coucher, elle, servait à
divers usages : on y mangeait souvent, et, en hiver, la maîtresse de maison y recevait ;
l’insuffisance du chauffage l’obligeait souvent à demeurer couchée.
Au début, les murs sont blanchis à la chaux, les parquets sont de dalles en pierres, d’où la
nécessité des tabourets de pieds. Sur les dalles sont, aux jours de fêtes, jetées des fleurs ; en été, on y répand de l’herbe fraîche quotidiennement renouvelée, en hiver on les couvre de joncs d’où l’origine de joncher.
Les coffres qui servent de sièges sont contre les murs, les tables montées sur tréteaux sont installées seulement à l’heure des repas.
Mais bientôt, la Cour témoigne du désir d’autres raffinements. La tapisserie revient en faveur ; on en garnit les murs, alternant toutefois avec les cuirs de Cordoue. Le parquet est en bois, on le recouvre de nattes. Dans les maisons importantes, on remarquait
le cabinet, la librairie ou l’étude ; ces pièces servant à conserver les objets d’art, livres, gravures, etc…
Les cuisines étaient invariablement situées au y rez-de-chaussée.souvent bâties à l’écart du bâtiment principal, ce qui obligeait, à transporter les plats couverts, d’où l’origine de la locution « mettre le couvert ».
La Renaissance avait non seulement introduit dans les mœurs le goût de l’art, mais aussi,
chez l’artiste, la notion d’indépendance. Ebénistes ou huchiers savaient en temps opportum s’évader des disciplines corporatives et ne point toujours plier leur inspiration à celle de leurs rnaîtres.
Toutefois, des garanties d’exécution étaient exigées de l’artisan, ce qui explique assez la
qualité des meubles fabriqués sous la Renaissance, lesquels servirent de modèles aux siècles suivant.
Source: Gallica / BNF
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