C’est dans les vieux pots que l’on conserve les plus belles amitiés…
L’amitié qui dure : des conseils vintage
mais pas désuets!
Il est une épithète que nous avons constamment sur nos lèvres et que nous employons à
tout bout de champ avec une générosité quelque peu inconsciente, sans penser qu’en agissant de la sorte nous manquons gravement à un des sentiments les plus nobles qui existent : l’Amitié.
Nous ne savons pas énoncer deux phrases sans faire allusion à nos amis X, Y ou Z. A nous entendre, on croirait vraiment que le monde n’est peuplé pour nous que d’amis ! Ne croyez vous pas que l’usage trop courant de ce mot a fini par en dénaturer le sens et en diminuer la valeur ? Assurément. A force de mener une vie trépidante et toute superficielle, nous perdons la notion exacte des gens, des choses, voire même
des vocables qui servent à exprimer quelque état d’âme profond et sérieux.
L’Amitié est une vertu sacrée, rare, unique, que nous ne devons pas traiter à la légère, si nous ne voulons pas qu’elle nous réserve un jour de douloureuses surprises, d’amères désillusions.
Elle mérite d’être étudiée, mûrement réfléchie et pratiquée en toute connaissance de cause. C’est une fleur qui ne pousse pas au hasard des chemins, mais qui demande, pour s’épanouir, la douce chaleur de la serre et les soins intelligents et affectueux d’un jardinier.
Tout comme l’Amour auquel elle s’apparente, l’Amitié n’est point un caprice, mais un
pacte loyal entre deux coeurs qui s’attirent. Ce pacte n’implique pas seulement des joies, mais aussi des charges qu’il faut connaître et remplir scrupuleusement.
La clairvoyance doit donc être la base première de ce contrat où chaque partie est tenue tour à tour à donner et à recevoir. Il est indispensable d’étudier, d’approfondir un être avant de signer avec lui ce pacte si noble de l’amitié.
G. Droz écrivait : « Un ami est un frère que nous nous sommes librement choisi. » Un frère, remarquez bien, ce n’est pas tout le monde, ce n’est pas te premier venu ; c’est quelqu’un qui a été trié, choisi dans le cercle restreint et déjà sélectionné de la famille dont tous les membres parlent la même langue, conservent les mêmes traditions et restent unis dans la bonne comme dans la mauvaise fortune.
De même que nous connaissons parfaitement les défauts et les vertus des différents membres de la famille, nous ne devons rien ignorer des imperfections et des qualités de nos amis, notre famille d’adoption.
Choisissez sagement, sciemment votre amie, votre soeur, celle qui peut comprendre votre
langage, partager vos aspirations et puis aimez-la tout simplement, telle qu’elle est, en vous remémorant à toute heure que la perfection n’est pas de ce monde et qu’il est nécessaire de pardonner, puisque, tôt ou tard, on peut avoir soi-même besoin de pardon.
Ceci cependant ne doit pas vous inciter à la flatterie, cette soeur cadette de l’hypocrisie et du mensonge. La franchise la plus cordiale, la plus charitable doit être la base de toute, véritable amitié. N’encensez pas ceux que vous aimez, ceux qui ont placé en vous leur confiance, cherchez plutôt le moment propice pour leur faire accepter, sans froissement et sous le couvert de l’affection, les conseils, les réprimandes, les avertissements
qui pourront, en les améliorant, en les modifiant, contribuer à leur bonheur. Que votre sincérité soit scrupuleuse surtout, veillez à ce qu’elle ne soit jamais contaminée
par ces sentiments d’ordre inférieur et malheureusement très féminins : la jalousie, la rivalité. Vous devez vous efforcer d’applaudir aux succès de vos amies et ne pas en prendre ombrage. Oh je sais, le désir de plaire est tellement inné chez la femme qu’elle redoute toujours de se voir mise au second plan. Que de belles amitiés ont sombré pour de stupides et mesquines questions de rivalité. Mais chacune de nous a des possibilités différentes qui constituent justement sa personnalité et la mettent en valeur. Les unes auront la beauté, les autres la grâce ; ce sont des charmes différents, mais qui ont tous deux leur prix.
Pourquoi souffrir si, à un moment donné, un d’eux a la prépondérance sur l’autre ? L’instant d’après, le contraire peut se produire. Chacun triomphe à son tour.
Ne profanez donc pas ce doux nom d’amie et n’éparpillez pas à gauche et à droite, en pure perte, de petites parcelles de votre coeur. Gardez-le précieusement en serre et ne le confiez qu’à la main dévouée et experte d’un véritable jardinier.
Il ne faut pas semer au hasard les jolis pétales de la fleur d’amitié, le vent capricieux les emporte, les dissémine et, bien souvent, ils retombent meurtris dans les buissons épineux ou sur les durs cailloux du chemin.
Des sceptiques affirment que l’amitié n’existe pas. Erreur ! Ils n’ont jamais éprouvé ce sentiment, ils n’en n’ont connu que la contrefaçon. Cherchez et vous trouverez, mais cherchez avec soin et que le lumineux flambeau de la réflexion et de la prudence guide vos pas.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Wiene_Moden_1841_Damen.jpg