C’est dans les vieux pots que l’on se débarrasse de ces petits poils disgracieux!
Remèdes contre le duvet: Des méthodes
anciennes qui ont fait leurs preuves en
1904
Un peu d’ombre au-dessus de la lèvre supérieure chez les brunes, vers la trentième année, n’est pas pour nuire à la grâce de leur visage. C’est, au contraire, en même temps qu’une signe de santé, un piment savoureux qui plaît à beaucoup. Les femmes; robustes et saines, dont la chevelure: est abondante, ont aussi, souvent, par contre-coup, l’arc de leur bouche souligné, par une moustache naissante, estompe légère.
Honneur au duvet !
Vous auriez mauvaise grâce, mesdames, à vous en affliger. Rappelez-vous que, dans l’ancienne Grèce, la barbe était un honneur pour les femmes autant que pour les hommes. La statue de Vénus, à Cypris, possédait une barbe de sapeur et les veuves argiennes qui avaient battu les rois de Sparte, reçurent, en guise de décoration, le droit de porter des barbes postiches. Au Japon, encore aujourd’hui ( nous sommes en 1904), dans le nord des îles, la grande mode des femmes Âïnos est de se faire tatouer des moustaches ; et des favoris.
Duvet importun
Il arrive pourtant qu’on s’accommode mal de la présence de ces poils trop nombreux et rien moins que féminins au-dessus des lèvres, sur les joues, autour du menton.
Comment les faire disparaître et pour jamais ? N’ôtent-ils pas à la femme son meilleur charme en la faisant ressembler à l’homme ? Hélas ! regardez ces importuns qui vont croissant, qui repoussent à mesure qu’ils sont coupés.
Ne les coupez pas, ils renaîtraient de plus belle. Ne les rasez pas non plus, ils deviendraient une abondante et désastreuse forêt.
Vous avez trois moyens de leur faire la guerre: les arracher, les brûler, les traiter par l’électricité
Les arracher…
C’est le vieux système. Avec de fines pinces, un à un, vous essayez de les extirper d’un coup sec et douloureux. Mais ce sera autant de cicatrices cuisantes, enflamant votre peau inutilement. Vous ne ferez guère, en effet, que casser les poils à leur base, sans enlever leur racine; leur disparition sera -passagère et ils repousseront plus gros.
Les brûler…
On a inventé des quantités de dépilatoires destinés à brûler les poils. Ce sont, sous divers noms, des compositions: à base de chaux ou d’orpiment (sulfure d’arsenic) délayés dans un peu d’eau et appliqués sur le duvet pendant quelques minutes. En séchant sur la peau, ce dépilatoire brûle les poils, et on n’a plus qu’à l’enlever avec un peu d’eau tiède.
Voici, entre cent, une des formules les plus courantes. Mêlez dans un peau d’eau 40 grammes de sulfhydrate de chaux et 30 grammes amidon en poudre. Étendez cette pâte sur le point velu et retirez, en lavant, au bout de 20 minutes. Ce petit moulage local n’est ni douloureux, ni dangereux.
Les électrolyser…
C’est la méthode la plus moderne et la plus efficace. Elle consiste à introduire dans le follicule pileux une fine aiguille reliée au pôle négatif d’une pile électrique. Lorsque l’aiguille est en contact avec la papille du poil, on fait passer un courant qui détruit cette papille et par suite le poil. Ce dernier ne repousse plus. Cette opération, délicate et minutieuse, elle ne peut, être faite que par un médecin. Il en atténuera l’effet douloureux par une pommade à la cocaïne (je rappelle que nous sommes en 1904). La trace des poils enlevés sera marquée seulement par de tout petits points blancs qui s’harmoniseront avec la couleur de la peau et passeront inaperçus.
Si vous redoutez ces moyens extrêmes, vous pouvez vous contenter d’atténuer l’ombre de ce duvet en le blondissant avec de l’eau oxygénée pure ou la pommade suivante : eau oxygénée 10 grammes, vaseline 20 grammes, lanoline, 10 grammes. Mêlez et passez sur les poils qui se décoloreront tout de suite. C’est peut-être encore là le plus simple remède et le plus pratique.