C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs exercices physiques !
Quel sport choisir? La marche un sport
de toujours, naturel et efficace, voilà ce
que l’on en en pensait au début des
années folles
De tous les exercices physiques, le plus naturel, le plus facile, le plus simple, a la portée de tous, est la marche.
Or, le progrès, chaque jour plus intense, les moyens de locomotion plus nombreux, la suppriment.
Y a-t-il, actuellement, beaucoup de femmes qui ont le souci de ménager dans leur vie quotidienne une place à la promenade?
Se promener, qu’est-ce donc? C’est sortir de chez soi, prendre le métro, l’autobus ou
le tramway ou un taxi, c’est marcher le moins possible, aller dans les magasins, fouiller dans les soieries, les rubans et les dentelles, se laisser tenter par les joyaux aux devantures des bijoutiers, par les chapeaux aux devantures des modistes, puis échouer dans un five o’clock à la mode, devant une tasse de thé, ou un chocolat à la fécule, au son d’un violon neurasthénique, en mangeant des gâteaux à la crème et à la végétaline.
Marcher? C’est s’éreinter…
Les femmes modernes s’occupent de sports, se piquent de suivre le mouvement transcendant, vont admirer les fotballeuscs, les nageuses, les coureuses, les sauteuses,
rêvent de clubs, mais… ne marchent pas !
Elles ne sont d ailleurs pas chaussées pour cela : leurs bas de soie coûteux sont fragiles, leurs petits souliers bijoux sont perchés sur de trop hauts talons.
Nous avons des souliers par coquetterie, me disait un jour une dame de mes amies que son mari avait fait marcher de la place de l’Opéra à celte de la République.
Nous ne pouvons pas marcher avec. Aussi la dite dame était-elle maussade et rompue de fatigue et en voulait-elle très fort au mari infâme qui l’avait condamnée à faire un ou deux kilomètres par un temps merveilleux, invitant au grand air, plutôt qu’à la station assise dans la grisante émanation des benzoléines aux vapeurs bleutées, en autobus.
Nombreuses sont les dames qui auraient approuvé mon amie. A Paris, et dans les grandes villes, les femmes marchent le moins possible.
Aussi en villégiature, cet exercice leur devient intolérable. Se promener, c’est aller en voiture, lentement pour voir le paysage, ou en auto, très vite, pour battre des
records, et… faire du sport !
La marche est en grand discrédit au domaine féminin. Ce n’est pas un exercice nouveau et il est sans doute, beaucoup trop simple.
Aller se rougir le bout du nez, l’hiver par les plus grands froids, pour accompagner le mari au football. Bien !
Encourager les champions de ses applaudissements de connaisseuses. Ne pas pâlir au sang des matches de boxe. Bien ! Ne pas redouter les veillées aux courses de nuit
des vélodromes. Snob ! Accepter de sacrifier tous les dimanches aux sports.Snob !
Mais, marcher. Non !
Pourtant, la marche est, mesdames, une des nécessités de la vie ; elle est instinctive à tout être qui est doué du mouvement,elle est, physiologiquement, la base de toute
culture physique, de tout sport.
Chaque femme devrait avoir pour règle de ménager, chaque jour, et quelles que soient ses occupations, une heure à la marche. Elle est la détente nécessaire aux fatigues
physiques et morales. Qu’elle soit accélérée ou modérée, elle est toujours une chose excellente, à la féminité surtout. Que les coquettes apprennent qu’elle aide à conserver,
ou à acquérir une jolie jambe, un mollet rond, ferme et bien fait, parce qu’elle fortifie et développe les membres inférieurs.
Qu’elles apprennent aussi qu’elle développe la poitrine, l’affermit, la modèle, parce qu’avec elle les membres supérieurs, de concert avec les muscles du thorax, travaillent
en un parfait exercice respiratoire. Les poumons, fonctionnant plus amplement, ont besoin de plus de développement, ils soulèvent les côtes qui, à leur tour, entraînent les muscles à une plus grande souplesse, une plus grande élasticité, les épaules s’arrondissent et s’équilibrent, la poitrine s’exhausse et s’élargit.
Le teint, lui aussi, y gagne en beauté, il s’éclaircit, à cause d’une meilleure circulation et d’un échange plus grand d’oxygène d’un rejet plus considérable d’acide
carbonique.
La marche est la vie donnée au corps, elle est la santé humée à pleins poumons, le sang enrichi, les nerfs équilibrés, les humeurs chassées, entraînées dans la grande circulation par une suractivité excellente, l’intestin guéri de toutes ses faiblesses et ses inerties.
Le caractère aussi y gagne : la gaieté naît, l’intelligence se développe, les idées sont plus nettes, plus claires et plus nombreuses, la neurasthénie s’envole car tout déséquilibre,
toute tristesse est le résultat d’une intoxication.
L’acide carbonique et toutes les toxines étant largement éliminées, il ne reste plus que la provision d’oxygène clarifiante et rajeunissante.
Faire de la marche, c’est donc oxygéner son sang, c’est s’embellir, c’est s’égayer, c’est combattre les disgrâces: l’âge, l’obésité, la nervosité. C’est devenir heureux !
N’est-ce pas là une foule de promesses tentantes et merveilleuses !
Je me demande pourquoi les dames ne se laisseraient pas séduire par cette première et si simple culture physique, ne demandant ni professeur, ni couleur de club, mais seulement un peu de volonté et d’énergie.
Travailleuses et bourgeoises l’ont à leur portée. Les unes en prenant sur leur sommeil du matin, leur repas de midi quelques instants, leur permettant d’éviter le tramway
ou le métro. Les autres en choisissant parmi les heures du jour celle propice à un bon et régulier exercice.
La marche ne sera pas pressée, saccadée, elle sera seulement raisonnablement accélérée, pour permettre la bonne circulation et l’activité musculaire, elle sera assez
modérée pour éviter l’essoufflement et la dilatation du coeur ; les mains resteront libres, les bras tomberont naturellement le long du corps qui restera droit, la tête, un peu rejetée en arrière, les épaules effacées.
La fatigue ne viendra pas vous surprendre, parce qu à la moindre lassitude, vous vous arrêterez le temps d’un repos. Il va sans dire que chaussures, coiffure et vêtements
devront permettre cet exercice salutaire. Et quel résultat, alors, pour toutes celles qui sont soucieuses de leur beauté et de leur charme moral !
Bronchites ignorées à cause de la robustesse des poumons et l’activité d’échange de l’oxygène contre les déchets organiques ; laxatifs inutiles, obésité vaincue, sveltesse
et grâce, activité nerveuses conservées jusque dans le plus grand âge ; bonne humeur inaltérable ; travail facile et meilleur. Je i ne parle pas encore d’autres conséquences excellentes.
Pourtant, je me permets, en passant, de faire remarquer que toutes les femmes pratiquant la marche ont de beaux enfants et de faciles maternités, à cause du développement harmonieux de leurs organes et des réactions vitales de tout leur organisme en parfait équilibre.
Le premier rôle de la femme étant d’être mère, il est de son devoir de s’y préparer avec les plus grandes chances de perfection.
Puisque toutes les dames viennent aux sports, avant de se griser de choses très « snob ! », qu’elles pensent aux simples choses qui aident à vivre. Qu’elles ne les méprisent point parceque, trop familières, et reconnaissent leur utilité.
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La marche fut votre premier sport de bébé. Pratiquez-le donc en bon vieil ami, ne réservant que de bonnes et salutaires surprises.
Source: https://en.wikipedia.org/wiki/Pin-up_model